Contenu :
En fin de cours, un petit historique de la gamme, puis quelques liens pour aller plus loin. Ensuite, allez aux exercices pratiques.
La musique dite « classique » est avant tout une musique tonale.
C'est à dire que toute pièce est écrite dans une tonalité précise ("Concerto en ré mineur", "Symphonie en do majeur"...)
Une tonalité est déterminée par son armure (les altérations présentes à la clef).
⮕ Avec # : Le dernier # à la clef est la sensible.
Exemples :
⮕ Avec ♭ : L'avant-dernier ♭ à la clef est la tonique.
Exemples :
Pourquoi ? C’est très simple : c’est une histoire de tétracordes.
Le tétracorde est un groupe de 4 notes conjointes (du latin tetrachordon = suite de 4 sons dont les 2 extrêmes forment une quatre - ou du grec « lyre à 4 cordes »).
Pythagore (il y a près de 25 siècles) est le « père de la gamme » par construction de tétracordes (voir à la fin de ce cours).
Une gamme majeure est formée de 2 « tétracordes » superposés (« inférieur » et « supérieur », une quinte plus haut).
Voici les 2 tétracordes formant la gamme de Do Majeur :
⮕ On note la parfaite similitude entre ces 2 tétracordes : 1 ton + 1 ton + 1/2 ton.
Conséquence : le tétracorde supérieur d’une gamme peut servir de tétracorde inférieur d’une nouvelle gamme, située plus haut.
Ainsi, le tétracorde supérieur de Do Majeur est également le tétracorde inférieur de Sol Majeur :
⮕ Le tétracorde supérieur de Sol Majeur (Ré-Mi-Fa#-Sol) nécessite l’apparition d’un FA #, afin de conserver le modèle initial (1 ton + 1 ton + 1/2 ton).
De même, le tétracorde inférieur d’une gamme peut servir de tétracorde supérieur d’une nouvelle gamme, située plus bas.
Ainsi, le tétracorde inférieur de Do Majeur est également le tétracorde supérieur de Fa Majeur :
⮕ Le tétracorde inférieur de Fa Majeur (Fa-Sol-La-Si♭) nécessite l’apparition d’un Si♭, afin de conserver le modèle initial (1 ton + 1 ton + 1/2 ton).
Cette construction des gammes par tétracordes successifs peut se poursuivre en montant (vers les dièses) comme en descendant (vers les bémols) :
Conséquence : on peut lister :
Ce n’est que par confort mnémotechnique que nous disons « le dernier dièse est la sensible » ou « l’avant dernier bémol est la tonique » ; on pourrait tout aussi bien dire, par exemple : « le denier bémol est la sous-dominante » ou « l’avant dernier dièse est la médiante », etc. (mais ce serait moins facile à retenir...)
Le plus logique serait de raisonner ainsi :
Telle gamme (par exemple LA Majeur) est située 3 quintes plus haut que DO (=>SOL-RÉ-LA) ; elle possède donc 3 dièses :
Ou encore : Telle gamme (par exemple MIb Majeur) est située 3 quintes plus bas que DO (FA-SIb-MIb) ; elle possède donc 3 bémols :
Mais cela impliquerait un chemin mental plus laborieux et moins direct…
⮕ Elle possède la même armure et se trouve une tierce en-dessous de sa tonalité majeure relative.
Exemples :
À cause de son absence de sensible, qu'il faut parfois "fabriquer", la gamme mineure présente 3 formes.
Exemple : la mineur
Ces différentes formes peuvent coexister dans un même passage.
Voici un extrait de la Suite no. 1 en Ré mineur d'Élisabeth-Claude Jacquet de la Guerre.
Toutes les formes du mineur y sont présentes tour à tour.
Moduler, c'est quitter un ton et entrer dans un autre : la modulation est une frontière.
Pour connaître le nouveau ton, il suffit de recenser toutes les altérations qu'il contient *.
Exemple (les "frontières" des modulations sont matérialisées par un trait) :
Elisabetta de Gambarini - Andante en sol mineur * - Lessons for the Harpsichord, Op. 2 No. 3
* Sur un mode de sol mineur avec 1 seul bémol à l'armure, voir l'explication dans le cours no. 4 sur les modes.
Écouter, par Margherita Torretta :
Chaque tonalité majeure possède des voisines : celles qui ont une altération de différence (une du côté des dièses, une du côté des bémols), et les tonalités mineurs relatives.
Exemple : DO MAJEUR & ses tons voisins :
Il en va de même pour une tonalité mineure : elle possède évidemment les mêmes voisines que sa relative majeure (les 2 voisines mineures, et les 3 relatives majeures).
⮕ Les tons voisins sont ceux que l'on rencontre prioritairement (voire uniquement) dans le parcours tonal d'une pièce classique (ses modulations).
Exemple : l'Andante d'Elisabetta de Gambarini, plus haut, module uniquement aux tons voisins les plus proches de sol mineur : Sib Majeur et do mineur (tous regroupés dans les 2 maisons de gauche).
Remarque : les tons voisins d'une tonalité majeure sont "présents" dans cette tonalité : ce sont tous les accords parfaits que l'on y trouve (idem en mineur évidemment).
Exemple : En DO MAJEUR, nous pouvons jouer 3 accords majeurs et 3 accords mineurs : ce sont les 1ers degrés des tons voisins (voir dessin ci-dessus).
Note | les 3 accords majeurs sont les "accords de Blues en Do Majeur" (I + IV + V du mode Majeur), |
les 3 accords mineurs sont les "accords de Blues en la mineur" (I + IV + V du relatif mineur). |
D'où vient la gamme ? D'où viennent les dièses et le bémols ?
On attribue à Pythagore la construction de la gamme occidentale.
(Même si certains paléographes y voient plutôt l'héritage des Egyptiens, ou même des Babyloniens.)
Le philosophe et mathématicien grec aurait posé, au VIe siècle avant J.C, les bases de la théorie musicale telle qu'on la connait aujourd'hui.
Pythagore considérait que tout ce qui existe dans la nature est régi par les nombres et leurs proportions, y compris l'harmonie des sons. En appliquant le principe de proportions à la musique, il a obtenu les quatre consonances fondamentales de la gamme musicale : l’unisson, l’octave, la quinte et la quarte. Il s'est ensuite servi des trois proportions pour calculer toutes les autres notes. Même si le calcul mathématique donne un résultat sonore légèrement inexact, la gamme pythagoricienne fut utilisée jusqu'au XVIIe siècle.
Dans ce scénario, Pythagore considère l'octave comme la consonance la plus « parfaite » (un son et son « double »). Puis vient la quinte (1ère harmonique « différente » d'un son fondamental).
Il "fabrique" donc chaque note de la gamme en prenant la quinte de la précédente.
Ainsi, en sautant de quinte en quinte, on finit par collectionner 7 sons différents, qu'il suffit alors de « ramener » dans le giron d'une octave : on a construit une « gamme ».
Car, pour les pythagoriciens, le 7 était un nombre sacré. (Et, plus prosaïquement, car au bout de sept quintes, on tombe sur une note dont la fréquence est relativement proche de l'octave de la note de départ – à moins de 10% près – : on "boucle" ainsi – assez imparfaitement – l'octave...)
Dans l'exemple ci-dessus, les 7 sons rangés en quintes, FA-DO-SOL-RÉ-LA-MI-SI, formeront la gamme de Do Majeur (do ré mi fa sol la si).
En toute logique, le dernier son aurait du être FA # (denière quinte en haut). Mais Pythagore, considérant la quarte comme une "consonance parfaite", lui préféra le FA♮ (1ère quinte en dessous), pour permettre la quarte juste DO-FA♮...
⮕ Pour aller plus loin :
Acoustique | |
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2 minutes pour comprendre la gamme Pythagoricienne | Audiofanzine (Chaîne YouTube) |
La construction de la gamme de Pythagore | Site "Assistance scolaire" |
Écriture | |
Les gammes | Gradus ad Parnassum (Chaîne YouTube d'harmonie et de contrepoint) |
Esthétique | |
Le pouvoir expressif et affectif des tonalités | France Musique |
Pourquoi la musique nous émeut-elle autant ? | Francis Wolff, Professeur émérite de philosophie, École normale supérieure |
Histoire | La Gamme Pythagoricienne | Philharmonie de Paris |
Pythagore ou les origines de la gamme | Res Musica |
Théorie | |
La gamme en musique : c'est quoi ? | Radio France |